Des risques et puis des moules


Benoit Bruyr

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Un dimanche matin de pêche aux moules

Beaucoup d’entre nous ont cette chanson qui leur trottine en tête… des souvenirs qui s’accrochent comme des dessins uniques que nous pouvions partager avec nos grands-parents le long de la mer du nord.
Il y a quelques jours nous étions le 8 mars : journée internationale de la femme, c’est pourquoi je présente ces photographies en cette période car je pense qu’une seule journée par an consacrée aux causes ne suffit pas et que les bonnes conditions de vie de celles-ci devraient être présentes chaque jour à notre esprit.
J’ai pas mal bossé en Afrique.
J’ai 52 ans et j’ai regardé cette équivoque avec mon regard d’homme, au-delà de l’imprégnation de la double culture.
A l’heure où les décideurs, comme dictateurs, se préoccupent d’avantage du prix du baril de pétrole que des conditions de vie de leurs concitoyennes, je souhaite apporter mon témoignage sur la question : j’ai vu des femmes, les pieds en charpie chercher de l’eau à des kilomètres de la maison partagée par une famille entière, j’ai vu des femmes fendre du bois, un bébé sur le dos, un autre dans le ventre, j’ai vu des femmes marchander leur corps, j’ai vu des femmes édentées par le chanvre s’efforcer d’oublier leur vie sinistrée...
J’ai vu des femmes cacher ou oser afficher publiquement leur orientation sexuelle, fières, aussi belles charnues que désossées, j’ai vu des femmes lors d’accidents de circulation, ensanglantées, leur petit blessé dans les bras, n’ayant que leurs larmes comme arme contre un conducteur fou. J’ai vu des femmes stars d’un soir, ou ambassadrices de l’UNESCO par conviction profonde ou pour coup publicitaire avantageux . Je vois des femmes chaque jour, le dos courbé, ou le buste comme un I. Je vois ma fille, ma mère, ma compagne et mes amies.
Je me souviens de mon père qui me disait : qu’il était difficile de devenir un HOMME, jamais d’être FEMME.

Je vous présente des photos qui reflètent mes sentiments actuels. J’ai été frappé par le courage de ces femmes-là aussi qui arrachaient à l’océan un dîner frugal ou une pauvre marchandise. C’était peut-être un jour à risques.

Texte Benoit BRUYR en collaboration avec Anne HOOGSTOEL



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